Qu’est-ce qu’une huile essentielle ?

C’est un liquide volatile, extrêmement concentré, obtenu par extraction des plantes aromatiques entières ou parties (fleur, feuille, écorce, racine, fruit, bois…). Chaque huile essentielle renferme en moyenne une centaine de composés chimiques différents.

Les essences sont contenues dans des appareils sécréteurs : poils, poches ou canaux. Les plantes aromatiques les sécrètent pour des besoins précis : pour attirer les insectes pollinisateurs, pour combattre les infections, pour repousser les insectes ravageurs, pour se protéger de la déshydratation en cas de forte chaleur… C’est suite à des conditions difficiles (terrains arides, sol peu fertiles…) que les essences sont produites (c’est pourquoi, les huiles essentielles provenant de culture intensive sont souvent de moins bonne qualité).

Qu’est-ce que l’aromathérapie ?

C’est l’utilisation d’huiles essentielles par voie cutanée, orale, nasale, auriculaire, vaginale ou rectale afin de traiter une affection ou de s’en protéger éventuellement en complément d’un traitement allopathique.

Les différents procédés d’extraction :

La distillation est la manière la plus courante d’extraction des essences : elle se réalise dans un alambic, en faisant passer de la vapeur d’eau à base pression au travers du végétal, ce qui fait éclater les contenants aromatiques ; essences et eau sont ensuite séparés en passant dans un circuit d’eau froide : en général l’essence flotte, l’eau refroidie s’appelle de l’hydrolat.

Pour les agrumes, c’est  l’expression qui est utilisée : on presse à froid les agrumes pour en obtenir l’ « essence »  qui se compose des mêmes familles biochimiques que les huiles essentielles.

L’essence s’appellera « Huile Essentielle » dès lors qu’elle est extraite de la plante à chaud par distillation.

Pour certaines plantes très fragiles (fleurs) on utilise l’enfleurage (vanille, jasmin) et on obtient l’ « absolue ».

Quels sont les critères de qualité d’une huile essentielle ?

La qualité d’une huile essentielle dépend de nombreux critères : 

  • Du type de plante aromatique : on doit spécifier le genre, l’espèce, la sous espèce, le cultivar…

Exemple : pélargonium x(croisement) asperum cv(cultivar) Égypte = géranium d’Egypte

Exemple : hyssopus(genre) officinalis(espèce) var.decumbens= hysope couchée

  • De son origine géographique : le pays, la région, l’altitude, l’ensoleillement…
  • Du mode de culture : sauvage, écologique, biologique. L’adjonction d’engrais chimique, l’existence de pollution atmosphérique, fluviale, de la nappe phréatique …modifie la composition de l’huile essentielle !
  • Du moment de la récolte : cueillie trop tôt ou trop tard, dans la saison ou le même jour, l’huile essentielle ne contiendra pas les bonnes molécules. Elle doit être cueillie avant la floraison pour la menthe, le matin pour la lavande….Le métier de distillateur fait appel à un procédé ancestral qui se transmet de père en fils !
  • La partie de la plante utilisée : pour une même plante, la composition biochimique sera complètement différente si c’est la racine, l’écorce, la feuille…. qui est distillée : exemple du citrus aurantium spp amara (oranger amer) : la fleur donne l’HE de néroli, la feuille donne l’huile essentielle de petit grain bigaradier, le zeste donne l’essence d’orange. Ces 3 huiles essentielles ont chacune des activités très différentes.
  • La méthode d’extraction : l’alambic doit être en inox, la distillation doit se faire à basse pression, l’eau utilisée doit être pure, la durée de distillation doit être longue car sinon l’huile essentielle ne contiendra pas toutes les molécules. Il faut parfois plusieurs heures pour obtenir les dernières gouttes. Si la distillation n’est pas complète, l’huile essentielle ne sera pas de bonne qualité.

 

Pour être de bonne qualité, il faut qu’elle soit :

  • 100% naturelle (non dénaturée, non coupée avec d’autres substances)
  • 100% complète (c.-à-d. que la distillation ne s’est pas arrêtée avant d’avoir tout obtenu)
  • 100% pure (uniquement la plante aromatique en question)
  • Pour ne pas se tromper, il faut les choisir HEBBD ou HECT (et bio si possible)

 

HEBBD : huile essentielle botaniquement et biochimiquement définie

HECT : huile essentielle chémotypée

 

Sur l’étiquette, doivent figurer :

  • le nom en latin (genre, espèce et éventuellement sous espèce et variété),
  • le nom en français,
  • la partie distillée,
  • le chémotype,
  • le pays d’origine,
  • le numéro de lot (et la date d’expiration),
  • le volume et l’usage(externe..)

 

Qu’est-ce que le chémotype ?

Une huile essentielle chémotypée est obtenue par une analyse scientifique : la chromatographie en phase gazeuse couplée à un spectromètre de masse. C’est sa carte d’identité.

Quand une même plante se différencie par une molécule, on nomme celle-ci après l’affixe CT (=ChemoType).  Thym vulgaire CT linalol ou CT thymol, ou CT thuyanol…..

Il n’existe pas un seul type de lavande de romarin ou de thym, car suivant le biotope qu’elle a connu (climat, sol, ensoleillement, environnement…), une même variété de plante va synthétiser des molécules différentes avec des propriétés thérapeutiques, des toxicités et des emplois bien distincts.

Exemple, pour le romarin officinal, il existe 3 chémotypes :

  • S’il est cultivé en Corse :

rosmarinus officinallis CT verbenone : hépatoprotecteur, stimulant immunitaire mais neurotoxique et abortive à forte dose.

  • S’il est cultivé au Maroc :

rosmarinus officinallis CT cinéole : expectorant, anti infectieux, pas de toxicité particulière.

  • S’il est cultivé au sud de la France :

rosmarinus officinallis CT camphre: myorelaxante, antalgique mais neurotoxique et abortive à forte dose.

Toutes les huiles essentielles vendues dans le commerce devraient toutes être chémotypées, c’est une garantie sur la qualité mais aussi sur l’emploi thérapeutique qu’on lui destine.

(Tout comme un même cèpe de vigne ne donnera pas le même vin s’il est cultivé à Bordeaux, au Chili ou en Californie).

 

Quelques particularités !

  • Les huiles essentielles sont d’une grande complexité biochimique, il est impossible de les fabriquer artificiellement en laboratoire, car toutes les molécules qui la composent sont importantes.
  • Elles sont non miscibles à l’eau, elles flottent ou coulent, il faut les mélanger avec un solubilisant (solubol, alcool, simulgel EPG….) pour les mélanger à de l’eau.
  • Elles sont lipophiles, elles passent très facilement la barrière de la peau   pour se retrouver dans le sang, les poumons….très utile pour éviter la voie orale mais attention à certaines huile essentielle contenant beaucoup de cétones car elles passent aussi dans les gaines nerveuses.
  • Elles sont très stables dans le temps, si la distillation est bien faite et qu’elles sont conservées à l’abri de la lumière et de la chaleur dans un flacon hermétique, elles sont impérissables, elles se bonifient même avec le temps, exception faite des agrumes qui se conservent 2-3 ans en moyenne.
  • Elles sont très concentrées en principes actifs, il faut des quantités variables de plantes aromatiques pour faire un Kg d’huile essentielle (7Kg pour le clou de girofle, 4 tonnes de pétales pour la rose de Damas)
  • Elles sont très volatiles, on les utilise en diffusion atmosphérique pour assainir l’atmosphère ou pour le bien-être, mais si le bouchon est mal fermé, elles s’évaporent et le flacon se vide tout seul !

 

Les différentes familles biochimiques des huiles essentielles.

Chaque huile essentielle est composée de molécules connues et biochimiquement définies. Ce sont ces éléments qui confèrent à chaque huile essentielle ses propriétés thérapeutiques.

14 familles biochimiques composent les huiles essentielles : en fonction du pourcentage de chaque famille (ex :30% phénols, 20% alcool, 20% cétone, 10% sesquiterpène….) mais aussi du type de molécule au sein de chaque famille(pour les cétones : la thuyone est très dangereuse, la menthone beaucoup moins et la piperitone est douce) , l’huile essentielle aura des activités et actions spécifiques !

D’une année sur l’autre, une même plante aromatique poussant au même endroit aura une composition différente ! Comme il existe des bonnes années pour le vin, il existe des bonnes années pour les huiles essentielles !!

Voici les 14 familles biochimiques :

  • Les phénols aromatiques
  • Les alcools terpéniques ou monoterpenols
  • Les alcools sesquiterpéniques ou sesquiterpénols
  • Les aldéhydes aromatiques
  • Les aldéhydes terpéniques
  • Les cétones terpéniques
  • Les oxydes terpéniques
  • Les phénols methyl-ethers
  • Les esters terpéniques
  • Les terpènes
  • Les sesquiterpènes
  • Les lactones
  • Les coumarines
  • Les phtalides

 

Voici un résumé de leurs propriétés et toxicités :

+/- : action  positivante (+) ou négativante (-)

AB : action antibiotique

V : action antivirale

F : action antifongique

P : action antiparasitaire

 

Les huiles essentielles sont très actives et très concentrées en principe actifs, c’est pourquoi en fonction de leur composition biochimique, du pourcentage de telle ou telle molécule, du mode d’administration, du dosage et de la durée d’application, la toxicité de chaque huile essentielles sera très différente.

Neurotoxicité : attention aux cétones (et aux lactones) elles sont aussi lipolytiques donc détruisent les gaines de myélines, ces huiles essentielles peuvent provoquer aussi un avortement. Cette toxicité dépend de la voie d’administration, de la dose et du type de cétone.

Dermocausticité : attention aux phénols et aldéhydes aromatiques (et aux phénols methyl-ether), il faut les diluer …….

Hépatotoxicité : sur de longues périodes et à doses élevées, les phénols peuvent être toxiques.

Nephrotoxicité : sur des sujets sensibles et sur de longues périodes, les terpènes peuvent être néfastes pour les néphrons.

Photosensibilité : ce sont surtout les coumarines contenues dans les essences (agrumes) qui sont photosensibilisantes par voie cutanée ou orale

Allergie : les lactones et l’aldehyde cinnamique peuvent engendrer des réactions allergiques qui dépendent aussi du terrain du patient. Sur de longues périodes certaines HE peuvent être allergisantes.

Effet oestogen-like : les sesquiterpénols sont oestrogen-like, attention aux animaux atteints de tumeurs mammaires.

Particularité du chat : les chats sont hypersensibles aux odeurs, il est difficile de leur appliquer un produit 2 jours de suite !!! Il faut toujours débuter avec une faible dose, pour l’habituer à l’odeur et ne pas saturer l’organe vomero nasal.

Il est délicat aussi de leur faire avaler des huiles essentielles car leur foie métabolise mal les huiles essentielles (pas de glucoronyl transférase), il faut leur en donner sur des périodes courtes et réaliser des fenêtres thérapeutiques ( 3 jours d’huiles essentielles, 3 jours de repos ou 5 jours sur 7, à moduler en fonction de l’état du chat, de l’huile essentielle utilisée, de l’affection dont il souffre… )

Pour plus d’information, vous pouvez lire l’article « les huiles essentielles chez le chat » sur le blog.

 

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