Simba est un golden retriever de 12 ans amené à la clinique pour abattement et perte de poil.

 

Anamnèse :

Simba vit dans un village des Alpes Maritimes situé à une hauteur de 400m. Il est correctement vacciné et vermifugé. Son état général s’est rapidement dégradé depuis 1 mois, il a maigri et perdu ses poils sur le dos rapidement et par poignée, puis sa peau s’est épaissie et est devenue squameuse. Le prurit est modéré. (photos 1 et 2)

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Examen clinique :

La température est normale, l’examen des conduits auditifs aussi, tous les ganglions palpables sont augmentés de volume. Les dépilations sont plus importantes autour des yeux, sur le dos et sur les points de pression.

Diagnostic différentiel : 

Il inclut la leishmaniose, la gale démodecique, l’adénite sébacée, les dermatoses auto-immunes, l’hypothyroïdie

Les moyens financiers de sa propriétaire étant limités et au vu du tableau clinique très évocateur, il est décidé de ne faire que le test de dépistage de la leishmaniose. Un test qualitatif rapide basé sur le principe de l’immunochromatographie sur membrane se révèle très rapidement positif. Ce test met en évidence les anticorps anti-leishmania dans le sang de l’animal atteint.

 

Mise en place du traitement contre la leishmaniose :

Simba reçoit alors 20 injections par voie sous cutanée d’antimoniate de méglumine, à raison d’une tous les 2 jours et en dose croissante (les 5 premières de 150mg puis les 15 suivantes de 300mg). Par voie orale, il lui est prescrit de l’allopurinol 300 mg matin et soir pendant 4 mois puis une semaine par mois à vie. Pour stimuler son système immunitaire et redonner du tonus, une préparation à base d’huiles essentielles de ravintsara, de tea-tree, de thym à feuilles de sarriette, d’eucalyptus radié, et de clou de girofle est administrée par voie orale sous forme de gélules molles à raison d’une gélule matin et soir pendant 3 semaines.

Un shampooing à base d’huiles essentielles de cèdre de l’atlas et d’eucalyptus mentholé, aux vertus lipolytique et drainante, est prescrit 1 à 2 fois par semaine pour nettoyer et éliminer ces excès de squames.

 

Evolution :

Malgré une fatigue prononcée après chaque injection (pendant ± 12 heures), Simba ne perd pas l’appétit et retrouve progressivement son entrain habituel et ses poils repoussent. (Photo 3)

Au bout de 2 mois de traitement, Simba paraît « guéri » (photo 4), mais il doit faire une prise de sang de contrôle bientôt, je vous tiendrai au courant…

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DISCUSSION

La leishmaniose

Les phlébotomes sont présents sur tout le pourtour méditerranéen, mais ils progressent maintenant vers le nord.

Dans notre département des Alpes Maritimes, on les retrouve surtout sur les collines (Colomars, le Broc, la Gaude, Falicon, Bonson…) mais également à plus basse et plus haute altitude (jusqu’à 800m) et dans les zones boisées des villes.

Il n’y a pas encore de cas au niveau zéro (niveau de la mer) mais ce parasite gagne chaque année du terrain !

Les chiens sont les plus sensibles, ils se contaminent facilement.

Les hommes (et les chats) sont plus résistants mais ils peuvent aussi être atteints ; ils restent alors porteurs sains et ne déclarent la maladie que si leur système immunitaire est déficient (SIDA, leucose…) ou non efficient (petit enfant, bébé).

Les chiens contaminés constituent un réservoir de parasites susceptible de contaminer l’homme et les jeunes enfants ou les immunodéprimés. Il faut absolument proposer un dépistage annuel même si l’animal ne présente aucun symptôme.

 

Le diagnostic

  Il se fait grâce à une analyse de sang (plus rarement de moelle osseuse ou de ponction ganglionnaire). Deux méthodes existent :

  • celle qui confirme la présence d’anticorps (technique Elisa ou immunofluorescence) mais il existe des faux négatifs/positifs, il faut coupler l’analyse avec une électrophorèse des protéines.
  • celle qui recherche la présence d’ADN (technique PCR) mais elle est plus onéreuse.

 

Le traitement :

 Les médecines humaine et vétérinaire ne font pas appel aux mêmes traitements afin d’éviter les phénomènes de résistance.

Pour traiter le chien, on utilise des injections d’antimoniate de méglumine.

C’est un traitement lourd, coûteux, toxique pour la fonction hépatorénale et qui ne guérit qu’exceptionnellement le chien. Le but étant de maintenir le chien dans un état de guérison apparente, on dit qu’il est « blanchi » mais le parasite reste présente au sein de son système réticulo endothélial.

Il existe aussi d’autres traitements :

  • L’association spiramycine metronidazole à la place de l’allopurinol,
  • la marbofloxacine à dose usuelle pendant un mois,
  • la miltefosine, anticancéreux utilisé en humaine, est administrée par voie orale à un dosage de 2 mg/kg de poids vif, une fois par jour pendant 28 jours mais attention, l’AMM de ce produit a été refusée en France car il est réputé dangereux pour son utilisateur. Il est utilisé couramment en Italie, en Suisse et en Espagne.
  • L’amphotéricine B, par voie intraveineuse stricte doit être réservée au traitement de la leishmaniose humaine pour éviter les phénomènes de résistance.
  • les huiles essentielles d’origan compact et de cannelle feuille ou écorce (une société leader en aromathérapie scientifique, obtient d’excellents résultats en Afrique pour lutter contre le paludisme et parvient même à faire cultiver les plantes adéquates pour que les autochtones puissent se soigner eux- même !)

 

Un traitement à vie sera en principe nécessaire pour un chien leishmanien, avec des prises de sang bisannuelles car les rechutes sont fréquentes et parfois fatales.

 

La leishmaniose : les moyens de protection

 Il existe un vaccin pour cette maladie, en 3 injections la première année avec un rappel annuel mais tout comme la piroplasmose, il n’est pas suffisant seul pour protéger son chien. Il faut la compléter  par l’utilisation d’insecticides ou de répulsifs.

Il n’existe que 2 produits ayant une AMM :

  • Des pipettes en spot on à base de permethrine, d’imidaclopride et de butylhydroxytoluène à appliquer tous les 15 jours (voire 3 semaines selon le laboratoire)
  • Un collier à base de deltamethrine, à mettre tous les 4-5 mois en période à risque.

 

On peut aussi renforcer ces préventions avec des huiles essentielles aux propriétés répulsives :

L’huile essentielle la plus connue est la citronnelle mais contrairement aux idées reçues, utilisée seule, elle s’avère moyennement efficace et n’a qu’une faible rémanence.

Un mélange judicieux d’huiles essentielles aux propriétés répulsives contiendrait les huiles essentielles de géranium, de tea tree, de lavandin, de citronnelle et de clou de girofle.

Il est à appliquer en fin d’après midi et début de soirée dans les régions à risque mais sera très efficace aussi avant d’emmener son chien en balade pour repousser les autres parasites. Il faut éviter l’application sur le nez ou la truffe ! Une astuce consiste à pulvériser les huiles essentielles sur un foulard ou un bandana et de le nouer autour du cou de l’animal, allier l’utile à l’agréable !

Pour en savoir un peu plus sur les huiles essentielles en médecine vétérinaire : www.vetessentiel.com

 

En résumé quelle attitude avoir contre la leishmaniose?

 Le réchauffement climatique, les facultés d’adaptation du parasite, le réservoir de parasites que constituent les chiens non soignés, sont autant de facteurs qui contribuent au développement de la maladie.

Il faut donc :

  • Protéger efficacement son chien en période critique.
  • Eviter si possible l’exposition dès le crépuscule.
  • Prévoir un dépistage une à deux fois par an.
  • Vacciner !